L’industrie du poisson est aujourd’hui devenue planétaire au même titre que l’industrie de la viande. Celle-ci soulève bon nombre de questions, ce poisson est-il vraiment tel que nous le décrivions plusieurs décennies auparavant ?
Notre société en perpétuelle évolution pousse parfois le mécanisme à ses extrémités, le poisson était autrefois sauvage, et cela a bien changé. Plus de la moitié des poissons commercialisés aujourd’hui, proviennent de fermes d’élevages.
Le poisson est à l’origine de nombreuses polémiques : faut-il consommer du poisson d’élevage ? Sauvage ou élevage, que faut-il choisir ? Il est difficile pour les consommateurs d’y voir clair car les industriels sont aujourd’hui prêts à tout pour dissimuler les méthodes mises en place pour répondre à la demande toujours plus grandissante des consommateurs. Le poisson sauvage est lui aussi sujet à de nombreuses polémiques du fait de la pollution des eaux.
Sauvage ou élevage, quel poisson choisir ? Pour vous répondre, nous vous présenterons les polémiques autour du poisson sauvage, les méthodes d’élevages, et enfin les astuces à connaître afin d’adapter son alimentation à une société dépassant parfois certaines limites.
LES POLÉMIQUES AUTOUR DU POISSON SAUVAGE
Tous les professionnels de la santé le recommandent, le poisson est bénéfique pour la santé. Le PNNS (Programme National Nutrition Santé) recommande d’en consommer deux fois par semaine en alternant un poisson gras (saumon, thon, sardine, hareng qui apportent des acides gras essentiels comme les oméga 3) et un poisson maigre (bar, brochet, cabillaud, truite, sole) qui sont d’excellentes sources de protéines.
Ce poisson fait aujourd’hui l’objet de polémiques pour plusieurs raisons :
Les poissons les plus touchés sont les poissons gras car les polluants se fixent sur la graisse du poisson ainsi que les poissons prédateurs (qui ingèrent d’autres poissons déjà pollués).
Selon une étude du WWF, si rien n’est fait pour contrecarrer ce phénomène, tous les stocks de poissons pourraient s’effondrer d’ici 2048.
Afin de pouvoir répondre à la demande des consommateurs, des élevages de poissons ont vu le jour et avec eux de nouvelles perspectives d’avenir.
LA VÉRITÉ SUR L’AQUACULTURE
Si la production de l’aquaculture a pu augmenter si rapidement, c’est parce qu’il s’agit d’élevage intensif. Comme dans le cas des animaux terrestres, la production de chair animale repose massivement sur des méthodes imposant des conditions de vie souvent nocives pour les animaux.
Les poissons sont entassés dans des cages ou bassins immergés, à des densités parfois énormes qui favorisent le stress et la propagation de maladies. Les poissons sont supplémentés de leur naissance à leur mise à mort par des antibiotiques, des produits chimiques et des pesticides. Problème, les poissons deviennent résistants aux antibiotiques. Ceux-ci sont alors remplacés par des antibiotiques bien plus puissants ce qui peut devenir néfaste pour la santé du consommateur.
Cela pose un problème de santé publique lorsque des résidus d’antibiotiques se trouvent dans la chair des animaux consommés, ou qu’elle est contaminée par divers polluants.
Dans certains élevages, les poissons sont nourris de croquettes composées d’anguille des sables (des petits poissons pêchés en Mer Baltique qui est la mer la plus polluée du monde). Ces croquettes sont aussi composées d’Ethoxyquine qui est un pesticide et qui a pour usage d’éviter l’oxydation et le rancissement des graisses. Aucune étude n’a été publiée par l’EFSA sur les dangers ou non de ce produit, seule une étude sérieuse a été réalisée en Norvège : la thèse de Victoria Bohne.
Celle-ci déclare que ce produit est capable de passer outre la barrière du cerveau pouvant provoquer des répercussions dramatiques comme le cancer. Cette étude n’a jamais été publiée. La raison officielle : Mme Bohne aurait démissionné. Pourtant, Mme Bohne explique dans une interview qu’elle aurait subi des pressions pour quitter son travail. Des tentatives auraient été faites pour falsifier et minimiser l’importance de ses études.
Les élevages intensifs sont d’importantes sources de pollution. Un élevage type de 200 000 saumons produit la même quantité de matières fécales qu’une ville de 62 000 habitants (Greenpeace, 2008).
Les élevages aquacoles sont une menace pour la faune sauvage. Les antifongiques, pesticides et autres produits chimiques contaminent les eaux. Les animaux qui s’échappent des enclos propagent les maladies contractées dans les élevages à leurs congénères sauvages. Par exemple, en 2017, plus de 260.000 saumons de l’Atlantique se sont échappés de leur enclos. Les filets surchargés se sont effondrés et les poissons se sont échappés. De plus, les parasites qui pullulent dans les élevages finissent eux aussi par atteindre les poissons sauvages.
Certaines associations, comme Bloom dénoncent depuis des années, le recours à la « pêche minotière » qui capture les poissons situés en bas de la chaîne alimentaire (sardines ou anchois) pour les réduire en farine et en huile pour alimenter les poissons d’élevage. Pour produire 1 kg de poisson, nous avons besoin de 5 kg de poisson sauvage ce qui est contre-productif.
Les impacts environnementaux sont importants, mais leur ampleur réelle est difficile à mettre en évidence. Mais alors, quel poisson privilégier ?
BIEN CHOISIR SON POISSON
Des labels existent et peuvent vous permettre de mieux choisir votre poisson en fonction de vos convictions.
La consommation de poisson sauvage tout comme celle de poisson d’élevage comporte des avantages et des inconvénients. À nous consommateurs de nous adapter en privilégiant la qualité tout en appliquant quelques conseils simples pour améliorer notre santé et celle de notre planète.
Si vous optez pour un poisson sauvage :
Si vous optez pour un poisson d’élevage :
Et surtout, pensez à varier et à alterner les provenances.
Chaque changement commence avec une personne. Personne ne peut tout faire mais chacun peut faire quelque chose.
Laure Blondel