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Quels sont les effets d’une alimentation végétale chez l’enfant ?

I. L’alimentation végétale

Au premier sens du terme, l’alimentation végétale peut être définie comme un régime basé sur des produits provenant de végétaux et excluant tous produits animaux.

Selon le dictionnaire Larousse, une alimentation végétalienne se définit comme un régime « supprimant non seulement toute viande, mais également tous produits d’origine animale (œuf, lait, beurre, etc.) ».

Ainsi, nous pouvons distinguer deux catégories d’aliments : ceux dits « autorisés » comme les céréales, les légumineuses, les légumes et fruits, les graines oléagineuses, les champignons, les plantes aromatiques, ou encore les substances minérales et microorganismes ; et ceux dits « exclus » tels que la viande, le poisson, les fruits de mer, les oeufs, les produits laitiers, le miel et autres produits de la ruche.

Ce régime végétalien existe depuis des millions d’années même si les Hommes ne l’ont pas toujours adopté.

Si ce dernier présente une réelle alternative à l’alimentation omnivore, puisqu’il peut apporter tous les nutriments nécessaires, il serait intéressant de savoir comment ces macronutriments agissent dans notre organisme.

Mais surtout de comprendre comment l’alimentation de l’enfant fonctionne.  

II.  Les besoins énergétiques de l’enfant

Concrètement, l’apport alimentaire d’un enfant doit respecter : un apport équilibré et adapté à la maturité des fonctions digestives et rénales ; un aspect quantitatif et qualitatif ainsi que le développement optimal et non maximal de l’organisme.

Ainsi, pour couvrir ce besoin énergétique, il est important de répartir un apport journalier équilibré des macronutriments comme les protéines, les lipides et les glucides, de même pour les micronutriments tels que les vitamines et minéraux.

Cette répartition correctement faite permet à l’enfant de se développer et d’acquérir un corps en pleine santé. L’Agence Nationale de Santé détermine un apport :

  • en protéines : permettant d’assurer une quantité suffisante d’azote et d’acides aminés indispensables assurant la croissance très rapide de l’organisme ; couvrant le développement, l’immunité et la digestion de l’enfant.
  • en lipides : importants, car ils jouent un rôle énergétique, de structure pour la constitution du cerveau, de précision des hormones de croissances et sexuelles ainsi que transporteur des vitamines liposolubles indispensables au corps humain
  • en glucides : ayant un rôle comme premier substrat énergétique permettant la construction du cerveau de l’enfant

En plus de ces macronutriments, un bon apport en fibres et minéraux sera essentiel pour le développement de l’individu.

Le calcium (tout comme le phosphore) retrouvé en grande majorité dans les produits laitiers joue un rôle fondamental dans le développement osseux de l’enfant.

Les vitamines ont également un rôle primordial pour la bonne croissance du corps humain.

Cependant, les produits animaux et végétaux diffèrent sur certains aspects, notamment au niveau des protéines qui seraient bénéfiques au développement de l’enfant en ayant été apportés par une source animale.

Nous pouvons alors nous demander quelles seraient les conséquences d’une alimentation excluant les produits animaux sur le développement de l’organisme de l’enfant ?

III.   Les bienfaits et méfaits d’un régime végétalien

Le régime végétalien, en plein essor depuis quelques années, touche de plus en plus de personnes par choix de santé, d’éthique, écologique ou pour diverses raisons.

Certaines familles intègrent même ce régime dans l’alimentation de leurs enfants en pensant à leur bien-être. Mais existe-t-il une possibilité que l’enfant ne se développe pas correctement dû à une absence de produits animaux ?

Selon certaines théories, une alimentation végétale entraînerait des carences en protéines, en calories, une diminution d’acides gras polyinsaturés (AGPI), une carence en calcium et vitamine D, ainsi que d’autres minéraux et vitamines (comme le B12).

Comme nous l’avons évoqué précédemment, les protéines peuvent provenir des animaux comme des végétaux.

Il est vrai que certains végétaux présentent une absence de certains acides aminés essentiels.

De plus, de par la forte teneur en fibres et en phytates dans les végétaux, les protéines végétales seraient alors moins bien absorbées que les protéines animales.

La solution pourrait donc être de garder un régime alimentaire omnivore afin d’assurer l’apport quotidien en protéines essentielles.

Cependant, il est aujourd’hui reconnu que l’utilisation d’une complémentarité permettrait de couvrir les besoins journaliers en protéine dans un régime végétalien.

En effet, si certains produits présentent des facteurs limitants, d’autres les possèdent.

Ainsi, en associant deux sortes d’aliments, l’apport serait couvert. Par exemple, les légumineuses sont pauvres en Méthionine, mais riches en Lysine, tandis que les céréales présentent la situation inverse.

En associant, dans un repas, une légumineuse (pois chiches) avec une céréale (boulgour), les facteurs limitants n’existent plus et l’équilibre des protéines animales est atteint.

Pour ce qui est des lipides, une alimentation végétale n’aurait pas de réelles conséquences négatives sur le développement de l’organisme de l’enfant puisque ces derniers sont retrouvés à la fois dans les produits animaux (viande, poissons gras) et végétaux (huiles, graines oléagineuses, fruits oléagineux…).

Cependant, il serait possible de présenter une carence en AGPI soit en oméga 3. Ce dernier est retrouvé sous la forme d’acide alpha-linolénique dans les végétaux (huile de graine de lin, de noix, de colza) et sous forme de DHA et EPA dans les poissons gras par exemple.

Effectivement, ce lipide est essentiel au développement cérébral et cellulaire de l’individu, à la protection de la vision et plusieurs autres rôles essentiels.

De ce fait, l’alimentation végétale est naturellement faible en EPA et DHA, celui-ci entraînerait des risques de carences et donc d’un mauvais développement de l’enfant.

L’apport en calcium chez les enfants végétaliens serait problématique. Effectivement, ce minéral est principalement retrouvé dans les produits laitiers, qui ne sont pas consommés dans une alimentation végétale.

Intervenant dans la croissance osseuse, élément fondamental pour le développement corporel de l’enfant, le calcium est donc absolument nécessaire.

Même un faible apport par les légumineuses, les noix ou les graines ne couvrirait pas les besoins journaliers nécessaires.

De plus, l’absorption calcique est couplée à celle de la vitamine D, qui elle-même prévient essentiellement des produits laitiers, des œufs et poissons gras. Ainsi, une carence en calcium pourrait alors avoir une conséquence sur l’apport vitaminique D.

Finissons sur la vitamine B12 et les autres minéraux. Cette vitamine est seulement présente dans les produits animaux puisqu’elle est produite par les bactéries du système digestif des animaux et des humains.

De plus, il est possible chez les enfants végétaliens de présenter un fort risque d’anémie, c’est-à-dire de carence en fer, puisque l’apport animal n’est plus présent. Il serait donc primordial de donner des compléments en vitamine B12 et en fer pour les enfants végétaliens.

Conclusion

Encore aujourd’hui, les régimes excluant l’apport alimentaire de produits animaux comme le végétalisme, le végétarisme ou le véganisme, sont encore très controversés.

Si certaines personnes en sont devenues adeptes, peu importe la raison, d’autres sont encore réticentes à la vue d’adopter cette pratique alimentaire.

Si ce régime pourrait correspondre totalement à une personne adulte, qui s’intéresse sérieusement à la question et qui saurait s’adapter de telle sorte qu’il n’aurait aucun problème pour son organisme, les avis médicaux sont plus problématiques pour le cas des enfants.

Effectivement, ces derniers n’ont pas les mêmes besoins que les adultes. L’enfance est une étape charnière dans laquelle l’individu croit aussi bien mentalement que physiquement et nécessite alors des besoins nutritionnels particuliers.

Certains nutriments ne peuvent être qu’apporté de la manière la plus naturelle et efficace par une alimentation végétale : les oméga 3 présents dans les produits animaux sont indispensables pour la protection de la rétine (DHA) et le phénomène de coagulation (EPA) ; le calcium, couplé à la vitamine D, est retrouvé dans les produits laitiers essentiellement permet la croissance osseuse ; la vitamine B12 est primordiale pour le développement du cerveau et du système nerveux.

Dans le cas d’une alimentation végétalienne, l’enfant serait alors obligé de prendre des compléments alimentaires afin d’assurer le bon développement de l’organisme.

Nous nous devons ainsi de mettre en avant qu’une diversité alimentaire est la base première d’une bonne santé, et cela est d’autant plus important chez l’enfant.

Si une consommation hebdomadaire comme la présente la loi Egalim est une très bonne décision pour permettre la découverte d’une autre forme d’alimentation et de diversité alimentaire, une consommation quotidienne ne serait peut-être pas bénéfique pour l’enfant et pourrait, au contraire, le retarder dans sa croissance.

Dans le cas où l’enfant est demandeur de débuter un régime végétalien, il serait de notre avis de l’orienté vers un professionnel de la nutrition et diététique pour qu’il puisse l’aider au mieux dans ce processus.

Lorsque cette demande n’est pas présente, il serait alors primordial pour le bon développement de son organisme qu’il se nourrisse de produits aussi bien végétaux qu’animaux.

Le but restant qu’un enfant grandisse sainement sans développer de maux qui ne lui seraient aucunement bénéfiques pour sa croissance.

Margaux VOISIN

Equipe Nutrition

Bibliographie : 

  • Noël PERETTI et Corinn BOUTELOUP, décembre 2018, dans Régimes d’exclusion chez l’enfant, quand s’inquiéter ?
  • Anses, décembre 2016, dans le Rapport d’actualisation des repères du PNNS : élaboration des références nutritionnelles
  • Thao BUI, le 25 janvier 2019, dans L’alimentation végétale est-elle sécuritaire pour les enfants ?