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NUTRITION, CERVEAU ET MALADIES NEURODÉGÉNÉRATIVES : Y A T-IL DES ALIMENTS PROTECTEURS OU À RISQUES ?

Le cerveau est un des organes les plus importants du corps humain. Son bon fonctionnement dépend en partie des apports énergétiques que fournit l’alimentation.

Les maladies neurodégénératives affectent le cerveau et en particulier le système nerveux. Parmi ces pathologies, nous connaissons particulièrement la maladie d’Alzheimer qui touche de nombreuses personnes âgées. De nombreuses études sont en cours ou ont déjà été effectuées afin d’établir des liens entre l’alimentation et l’apparition ou non de ces maladies. Il est alors intéressant de se demander si certains aliments présentent des risques ou si au contraire ils sont protecteurs pour prévenir l’arrivée des maladies neurodégénératives.

Le cerveau et les maladies neuro-dégénératives

Le cerveau est l’organe le plus complexe du corps humain puisqu’il contrôle aussi bien le corps que l’esprit. 

Le fonctionnement du cerveau

Le cerveau est le siège du système nerveux. Il permet de contrôler la motricité du corps, d’intégrer des informations ou encore le système cognitif. C’est un organe du corps très complexe, alimenté principalement par les glucides. Il est formé de deux hémisphères, droit et gauche, du corps calleux qui réunit les deux et du cervelet. Le tout étant recouvert par les méninges.

Chaque hémisphère du cerveau est composée de divers lobes : frontal, pariétal, occipital et temporal. Chacun possède des fonctions bien définies. Le lobe frontal est le siège du langage, de la motricité volontaire. Le lobe pariétal permet d’avoir conscience de son corps et de l’environnement qui l’entoure. Le lobe occipital permet quant à lui de recevoir et intégrer les messages. Enfin, le lobe temporal est le lieu où se recentrent toutes les émotions, la mémoire et permet l’audition.

Le cerveau est composé de milliards de neurones qui constituent un réseau très dense. Un neurone quant à lui est composé d’un axone entouré par une gaine de myéline qui permet la transmission de l’influx nerveux. Les neurones sont les principaux acteurs de la communication. Pour ce faire, ils utilisent les influx nerveux. Ils sont constitués du corps cellulaire, de dendrites et des axones. Ce sont les axones qui transmettent l’information avec les autres neurones par des terminaisons qui forment les synapses.

L’influx nerveux au sein du neurone produit une substance chimique : les neurotransmetteurs. Ces derniers vont activer ou inhiber le prochain neurone au niveau de la synapse. C’est ainsi que l’influx nerveux se propage au fur et à mesure.

Les maladies neuro-dégénératives sont présentes dès lors que les liaisons neuronales sont  défaillantes ou sont affectées.

Les maladies neurodégénératives

Ces maladies touchent plus d’un million de personnes, c’est pourquoi le plan maladies neuro-dégénératives de 2014-2019 a vu le jour. Ce plan a pour objectif d’améliorer la qualité de vie des patients et de leur prise en charge, mais aussi de développer les recherches pour mieux agir.

Parmi ces pathologies, les plus connues sont la maladie de Parkinson, la sclérose en plaque, ou encore la maladie d’Alzheimer.

Les maladies neuro-dégénératives sont des maladies dites chroniques, c’est-à-dire que ce sont des maladies qui durent sur le long terme, voire à vie. Elles évoluent très lentement, souvent de manière insidieuse. D’une manière générale, ce sont des maladies très invalidantes sur le plan quotidien des personnes atteintes, où il convient de réapprendre à vivre avec la maladie au quotidien.

Le plus souvent, elles entraînent une altération du fonctionnement des cellules nerveuses qui peuvent à la suite engendrer la mort des neurones, c’est la neuro-dégénérescence. Il en résulte des troubles moteurs, sensitifs, du langage, ou d’ordre cognitivo-comportemental.

Nous ne pouvons pas détailler le mécanisme mis en cause dans chacune des pathologies c’est pourquoi nous allons principalement étudier ce qu’il se passe lors d’une affection par la maladie d’Alzheimer. Celle-ci touche de nombreuses personnes âgées et se manifeste par une perte des fonctions cognitives et particulièrement de la mémoire. Ceci est dû à la destruction des neurones de l’hippocampe, dans un premier temps, qui est le siège de la mémoire.

Il y a deux types de lésions qui interviennent lors de cette pathologie. La première lésion est celle des plaques séniles, c’est-à-dire qu’il y a des dépôts amyloïdes. La deuxième est la dégénérescence neurofibrillaire. Ce sont les peptides amyloïdes et les protéines Tau qui sont responsables de celle-ci. Ces protéines s’agrègent ensemble et forment des dépôts. Actuellement, la cause de ces derniers est encore inconnue. Néanmoins, nous savons que l’environnement et la génétique jouent un rôle déterminant.

Outre ces lésions, une inflammation s’installe lors de la maladie. Celle-ci aggrave l’altération des neurones.

À ce jour, et malgré les recherches en cours, aucun traitement ni vaccin n’ont vu le jour. Néanmoins la recherche ne cesse d’évoluer et de trouver diverses pistes de guérison. D’après ces dernières, nous savons que l’environnement joue un rôle primordial dans la prévention ou la prévalence de ces pathologies. Quand nous parlons d’environnement nous entendons également l’alimentation qui a une influence essentielle.

Les aliments à risques

L’alimentation n’est pas sans impact sur l’arrivée des maladies neurodégénératives et peut même devenir un facteur aggravant.

Les facteurs de risques

Les facteurs de risques de l’apparition des maladies neurodégénératives sont l’inflammation et le stress oxydatif. En effet, certains aliments sont à éviter comme ceux riches en acides gras trans et l’acide arachidonique. Ces derniers peuvent fragiliser les vaisseaux sanguins et favoriser l’inflammation dans le corps. Ces acides gras sont présents dans la viande rouge, le fromage et bien d’autres aliments. Un nombre de portions maximum par semaine est recommandé afin qu’ils ne soient pas néfastes pour l’organisme et favorisent l’apparition de la maladie.

Il est aussi recommandé d’avoir une alimentation assez riche en antioxydants comme la vitamine C, afin d’éviter que les tissus s’oxydent. L’oxydation peut mener les tissus à la perte de leurs fonctions.

Il est intéressant de limiter la consommation de boissons sucrées à un seul verre par jour ou encore de limiter sa consommation de sel, puisque tout ceci est néfaste pour le système vasculaire. En effet, une étude réalisée par des chercheurs de l’Université de Wake Forest a montré que lorsque la glycémie est élevée chez les personnes atteintes de diabète de type II, leurs fonctions cognitives diminuent. Le diabète de type II peut mener à un déclin de la mémoire et par la suite l’apparition de la maladie d’Alzheimer selon le professeur Williamson. L’étude démontre l’importance du maintien d’une glycémie normale, c’est-à-dire à 0,8 grammes de glucose par litre de sang. Limiter la consommation de sucre peut donc s’avérer bénéfique.

Les facteurs aggravants

Durant la maladie, les aliments néfastes sont quasiment identiques à ceux décrits précédemment. Néanmoins, la nourriture peut parfois interagir avec le traitement et donc en modifier les effets, voire même les annuler. C’est pourquoi, il est recommandé de prendre le traitement pour la maladie au moins 30 minutes avant l’ingestion du bol alimentaire afin de ne pas créer de réactions indésirables. En ce qui concerne les aliments aggravants les risques d’apparition de maladie, ils sont à consommer en faibles quantités pour éviter de la déclarer rapidement.

Les aliments à proscrire une fois la maladie déclarée sont les viandes rouges, les laitages et tout ce qui contient du gluten qui sont mauvais pour l’équilibre fonctionnel du cerveau. Ces aliments pourraient même empirer et accélérer l’évolution de la maladie. Une étude menée par Hadjivassiliou a démontré qu’il était courant pour les patients d’être intolérants au gluten lorsqu’ils sont atteints de maladies neurodégénératives. De plus, les patients atteints d’autisme ont expérimenté une amélioration dans leur état de santé lorsqu’ils étaient soumis à un régime sans gluten.

Les aliments protecteurs

L’alimentation permet de prévenir de nombreuses pathologies et elle peut en retarder l’apparition ou améliorer les premiers signes.

Prévenir par l’alimentation

Dans la maladie d’Alzheimer par exemple, il a été démontré que le diabète et l’hypertension favorisent son apparition. Ainsi, prévenir ces pathologies pourrait prévenir l’arrivée de cette maladie neurodégénérative.  

Différentes études ont montré que le régime méditerranéen ou encore le régime contre l’hypertension jouent un rôle aussi bien pour cette pathologie que pour l’ensemble des maladies neurodégénératives. Pour cela, il serait nécessaire de manger deux à trois portions de poisson et/ou de fruits de mer par semaine.

En effet, le poisson est riche en oméga 6 et 3 qui sont excellents pour la mémoire, souvent la première touchée dans la maladie d’Alzheimer. Les acides gras contenus dans le poisson sont d’excellents anti-inflammatoires et ont des propriétés vasculaires qui permettent de protéger le cerveau des démences engendrées par la pathologie. De plus, les légumes sont d’excellents alliés santé. Ils sont à consommer sans modération. Les légumes verts, riches en vitamines et en antioxydants, permettent de protéger le cerveau du vieillissement.

Les fruits jouent également un rôle important. En effet, le PNNS recommande d’en consommer deux par jour. Certains fruits restent mieux adaptés que d’autres pour prévenir l’arrivée de ces maladies, comme la grenade. En effet, la molécule ellagitinine qu’elle contient se transforme en urolithine lors du passage dans la flore intestinale. Cette dernière est un neuro-protecteur et un anti-inflammatoire. On retrouve également la fraise, qui limite la perte de mémoire grâce à la fisétine qu’elle contient et qui agit sur la protéine p35. Une étude réalisée sur des souris transgéniques a démontré que l’administration de fisétine avait retardé l’apparition de problèmes de mémoire chez les souris testées.

De plus, les graines et les noix sont très importantes et viennent compléter cette prévention. En effet, elles sont riches en oméga 3 et en antioxydants, qui deviennent d’importants anti-inflammatoires une fois assimilés par l’organisme.

Il a également été montré que l’huile d’olive jouerait un rôle dans la prévention de la maladie d’Alzheimer. En effet, l’oléocanthal, molécule qu’elle contient, serait excellente pour protéger les neurones et permet d’évincer une protéine liée à la neurodégénérescence.

Soigner par l’alimentation

Tout comme éviter l’apparition de ces maladies, il est essentiel d’avoir une alimentation saine, riche en vitamines et minéraux et surtout équilibrée. Lorsque la maladie s’est installée, il est important d’apporter à l’organisme les nutriments dont il a besoin.

Il ne faut pas se restreindre sur les légumes et les fruits qui présentent d’excellents effets nutritionnels. Ils sont très riches en antioxydants, qui aident le cerveau à se protéger. Limiter la viande comme vu précédemment est également important. Nous pouvons donc noter qu’adopter un régime végétarien serait un bon compromis et selon une étude menée par le professeur Frank Hu, diminuer la consommation de viande rouge peut réduire le risque de mortalité de 7 à 19%.

Dans les tous premiers mois de la maladie, il serait également intéressant de limiter son apport en sucre et de favoriser uniquement les graisses et les protéines. Cependant, dans ce type de régime, une  prise complémentaire de vitamine est nécessaire afin de ne pas présenter de carences.

Si l’alimentation a un impact sur l’amélioration des maladies neurodégénératives, la restriction calorique en a un aussi. Une étude a démontré qu’une restriction calorique ou qu’un régime cétogène, c’est-à-dire pauvre en glucides, avaient des effets neuro-protecteurs. En effet, la neurotrophine BDNF (Brain-Derived Neutrophic Factor) est une protéine qui favorise la neurogenèse. Cette dernière permet la création de nouveaux neurones. Ce facteur neurotrophique s’accroît lors d’une restriction calorique et ainsi réduit l’inflammation. La mémoire bénéficie également de cette restriction calorique selon l’étude menée sur des personnes âgées en bonne santé ayant subi un régime hypocalorique pendant trois mois.

Conclusion

D’après les études, la nutrition joue donc un grand rôle au sein de la prévention de ces maladies.

Il n’existe pas encore de traitement pour soigner ces maladies, mais d’autres solutions existent pour faciliter le quotidien des personnes atteintes. La seule action de s’alimenter peut avoir un impact non négligeable sur l’apparition et l’évolution de ces maladies, c’est pourquoi l’éducation du patient peut s’avérer être avantageuse.

Bibliographie