Principal principe actif du curcuma, la curcumine est un pigment polyphénolique responsable de la couleur jaune vif du curcuma longa ou safran des indes. Le curcuma est utilisé en Asie depuis les temps anciens dans la médecine traditionnelle et, de nos jours, il est largement utilisé dans les industries alimentaires, cosmétiques et pharmaceutiques.
Dans le cadre médical, de nombreux essais cliniques ont avancé des résultats encourageants concernant ses qualités antioxydantes, anti-inflammatoires et anticancéreuses.
Le microbiote intestinal est l’un des écosystèmes microbiens les plus denses et les plus dynamiques qui contribuent à la santé des individus. La composition du microbiote intestinal change avec l’âge et est strictement liée à l’alimentation. Différents modes alimentaires non équilibrés déterminent des modifications de la composition du microbiote intestinal, entraînant une modification de la perméabilité intestinale et une inflammation de bas grade de l’intestin.
Comme d’autres polyphénols alimentaires, la bioactivité de la curcumine est liée non seulement au taux d’absorption, mais aussi à son métabolisme qui est dû à la digestion des microbes intestinaux. L’activité biologique des métabolites dérivés peut être différente de celle de la curcumine native. De plus, des propriétés biologiques spécifiques dépendent souvent des métabolites bioactifs produits par la digestion des microbiotes intestinaux. À cet égard, il est intéressant de noter que la curcumine, après administration, s’accumule dans l’intestin où, après digestion microbienne, elle peut être transformée en métabolites biologiquement actifs.
La transformation de la curcumine ne se fait pas seulement par des enzymes produites par les entérocytes ou les hépatocytes, mais aussi par des enzymes produites par le microbiote intestinal. Le microbiote intestinal peut être décrit comme un réacteur biologique en raison de ses propres fonctions métaboliques formidables, comme la transformation de nombreux composés qui atteignent le côlon. Cette activité est rendue possible grâce à la capacité des micro-organismes à produire une gamme d’enzymes vaste et variée. En particulier, les transformations intestinales de la curcumine comprennent plusieurs étapes et différentes classes d’enzymes microbiennes.
Ainsi, la composition du microbiote entraînera différentes transformations de la curcumine alimentaire.
Par conséquent, les effets bénéfiques pour les consommateurs dépendent non seulement des polyphénols extraits du régime alimentaire, mais aussi du type de population microbienne de l’individu.
Dans l’intestin la curcumine, après administration orale ou intrapéritonéale, peut exercer un effet régulateur sur le microbiote intestinal, affectant la richesse, la diversité et la composition microbienne.
La curcumine dans l’intestin favorise la croissance de souches de bactéries bénéfiques telles que les bifidobactéries et les lactobacilles, avec une réduction des souches pathogènes. De plus, il a été constaté que le traitement à la curcumine diminue la richesse et la diversité microbienne, avec une réduction spécifique des espèces liées au cancer.
De plus, la curcumine exerce un rôle neuroprotecteur en piégeant directement ou indirectement les espèces de radicaux libres. En effet, la curcumine augmente de manière significative l’activité de la superoxyde dismutase (SOD). La SOD, une des principales enzymes antioxydantes, est capable de dissocier le superoxyde en peroxyde d’hydrogène et en oxygène.
La curcumine présente également une action antioxydante indirecte en augmentant l’activité de la catalase plasmatique. Les catalases, une classe d’enzymes capables de catalyser la décomposition du peroxyde d’hydrogène en eau et en oxygène moléculaire, appartiennent au système de défense antioxydant de la cellule et protègent la cellule des dommages oxydatifs causés par les espèces réactives de l’oxygène.
Enfin, plusieurs études ont rapporté que la curcumine réduit activement l’inflammation intestinale en modulant différentes voies moléculaires. Ainsi, il est possible que la curcumine, en modulant l’homéostasie de l’axe intestin-cerveau, puisse également déterminer un effet bénéfique sur la neuroprotection.
Les microbiotes intestinaux ont un impact sur le métabolisme de la curcumine, en fournissant des métabolites actifs. D’autre part, la curcumine peut influencer la composition du microbiote intestinal, permettant la croissance des souches nécessaires au maintien des fonctions physiologiques correctes de l’hôte. C’est le cas des maladies neurodégénératives dans lesquelles une dysbiose intestinale précède souvent l’apparition des signes cliniques. La curcumine peut changer la composition du microbiote en régulant la population bactérienne intestinale et la capacité des souches bactériennes intestinales à produire des composés plus actifs à partir de la curcumine elle-même. Ces découvertes permettent une nouvelle considération pour l’utilisation de la curcumine dans la prévention des maladies neurodégénératives.